Si au départ tout a commencé par la peinture et le dessin, ma pratique plastique s’est imprégnée, au fil des années, de sculpture, d’architecture et de photographies. Cet éclectisme est l’un des questionnements de l’art contemporain qui se trouve aujourd’hui à la frontière de plusieurs médiums comme architecture, photographie, peinture et design. Ces limites poreuses et perméables permettent une expérimentation transversale de la pratique plastique, une migration, une mutation des genres et des médiums.

Entre illusion et réalité, la photographie d’architecture ou de paysage sous les formes documentaires devient un élément, une bribe, pour construire une œuvre à part entière. La photographie n’est plus un résultat final, mais un point de départ, un fragment de réalité; elle devient tantôt un objet autonome comme les sculptures « Towers », un intérieur imaginaire d’une boite comme dans « Black Boxes » ou encore, une vidéo-animation comme dans le projet « Into the transe ».

La photographie a toujours un statut instable et transitoire dans mon travail ; elle est en devenir, elle est en réflexion, en stand by. Aujourd’hui, sous les apparences d’un document, elle deviendra demain peinture, fragment d’une sculpture, un objet autonome ou rien du tout. C’est sa construction, sa transformation, sa métamorphose qui m’intéressent le plus.

C’est également l’architecture sans valeur particulière, issue du modernisme, qui vient alimenter cette recherche et véhiculer un sens à mon travail plastique. De l’utopie architecturale moderne vers la répétition et la prolifération du « même multiple » dans les villes de l’Europe de l’est, je questionne les notions d’habitat contemporain.

Ce n’est pas à travers la démarche de designer mais au travers de plasticienne que je conçois les pièces « INK » qui ont une apparence fonctionnelle. Pourtant, conçues à la manière des maquettes d’architecture, elles deviennent dans l’espace d’exposition des objets autonomes qui interrogent le rapport entre le corps humain, l’architecture et la sculpture. Ni sièges, ni réelles sculptures, elles ne sont qu’entre-deux, brutes et élégantes à la fois, elles occupent l’espace d’exposition pour interroger le spectateur sur leur statut ambigu.